Mâcher : un geste tout simple qu’on oublie trop vite
Quand j’étais petite, on me disait souvent : “prends ton temps, mâche bien.” Mais, comme beaucoup d’enfants, j’avalais en vitesse pour passer à autre chose. Je ne voyais pas l’intérêt.
Ce n’est que bien plus tard — après quelques lourdeurs digestives et des repas où je me sentais fatiguée au lieu d’être nourrie — que j’ai compris. Ce fameux conseil de grand-mère, il était plein de sagesse.
Avec les années, la pratique du yoga, les soins, les respirations que j’enseigne, j’en suis venue à redécouvrir un truc tout bête : bien mâcher change tout.
On l’oublie souvent, mais la digestion ne commence pas dans l’estomac. Elle commence dans la bouche. C’est là que les choses sérieuses démarrent : les dents qui broient, la salive qui enrobe, les enzymes qui préparent. C’est un vrai petit laboratoire. Et quand on ne prend pas ce temps-là, c’est tout le reste qui trinque.
Combien de fois je vois des gens qui mangent debout, en vitesse, devant un écran. Ils avalent plus qu’ils ne mangent. Et après, ils se demandent pourquoi ils sont ballonnés, fatigués, parfois même irritables. Souvent, il suffirait juste… de ralentir.
Je ne dis pas qu’il faut devenir maniaque et compter les bouchées comme à l’armée. Non. Je parle d’un geste naturel, détendu. De retrouver un rythme plus humain. De poser la fourchette entre deux bouchées. De goûter. D’écouter ce qui se passe.
Un jour, une femme que j’accompagnais m’a dit : “Je me suis mise à mâcher, et c’est comme si je redécouvrais les aliments.” Ça m’a fait sourire, parce que moi aussi, j’ai eu cette sensation. Et puis, bonus : on mange moins. Pas par restriction. Mais parce qu’on est à l’écoute. Le corps dit : “C’est bon, j’ai ce qu’il me faut.” Et ça suffit.
J’ai aussi remarqué que mes envies de sucre, mes fringales de fin d’après-midi, s’apaisaient quand je prenais le temps de mâcher à midi. Comme si mon corps se sentait rassuré, nourri pour de vrai.
Alors je vous le dis avec toute mon affection : essayez. Pendant trois jours. Ce n’est pas un régime, ce n’est pas une technique compliquée. C’est juste une autre manière d’être là, avec soi, avec ce qu’on mange. Comme une petite méditation à table.
Parfois, on cherche des solutions compliquées pour aller mieux. Alors qu’en réalité, il suffit juste… de recommencer à mâcher.